La Chine et les énergies renouvelables: l’éolien a le vent en poupe

energie_heure_des_choix_photo_eolienne.jpgLa Chine a d’énormes besoins énergétiques et le charbon est, sans doute encore pour longtemps, sa principale ressource énergétique.Toutefois, soucieuse de diversifier ses ressources, la Chine commence sérieusement à investir dans les énergies renouvelables en particulier dans l’énergie éolienne.

La plupart des scénarios énergétiques, formulés il est vrai avant la crise économique de l’automne 2008, pronostiquent une forte croissance de la consommation d’électricité de la Chine (son doublement probable d’ici 2020) et l’on sait qu’aujourd’hui la Chine produit son électricité à près de 80% avec du charbon, l’hydraulique et la biomasse assurant le reste de la production. La Chine commence sans doute a avoir mauvaise conscience vis-à-vis de l’environnement (on lira avec intérêt sur ce sujet le livre de Benoît Vermander Chine brune ou Chine verte ?, Sciences Po les presses, 2007). Elle s’efforce donc de diversifier ses capacités de production d’électricité (elle investit dans le nucléaire et poursuit une politique de construction de grands barrages hydroélectriques). C’est dans cette perspective qu’est entrée en vigueur en 2006 la loi sur les énergies renouvelables qui prévoit de doubler d’ici 2020 la part des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) dans l’énergie primaire : l’objectif est de la faire passer de 7% aujourd’hui à 15% en 2020. La loi prévoit que les producteurs d’électricité devraient faire assurer 3% de leur production par des énergies renouvelables autres que l’hydraulique en 2010 et 8% en 2020. Leur capacité installée en éolien devrait ainsi être multipliée par un facteur 40 (l’éolien produit aujourd’hui 0,3% de l’électricité de la Chine), celle du solaire et de la biomasse par un facteur 20 alors que celle de l’hydraulique devrait tripler. En 2020 la production d’électricité du pays devrait être assurée à 20% par des énergies renouvelables dont 5% par de l’éolien (soit une puissance installée d’au minimum 50 GW). Cette loi a été complétée, en novembre 2008, par un plan d’investissement de 180 milliards de dollars en faveur des énergies renouvelables.

 Si la Chine a commencé à développer ses capacités de production de panneaux solaires pour produire de l’électricité photovoltaïque et elle serait le premier producteur mondial. Toutefois, les coûts de production de l’électricité par la filière solaire restant encore très élevés, elle accorde une nette priorité à l’éolien.

 Certaines régions chinoises (les provinces du Nord-Est notamment, le désert de Gobi et les régions côtières) ont des régimes de vent très favorables permettant l’installation de fermes éoliennes (environ 80 fermes sont d’ores et déjà en exploitation). Ces trois dernières années la capacité de production d’électricité éolienne a ainsi doublé chaque année et la puissance totale dépassera en 2010 l’objectif de 10 GW qu’elle s’était fixée (5,7 GW installés en 2007 et sans doute 10,6 GW fin 2008, la France par comparaison a une puissance éolienne installée de 2,5 GW). En 2008 les investissements destinés à l’énergie éolienne ont augmenté de 88% par rapport à 2007. La construction de cinq complexes de très grandes fermes éoliennes est ainsi prévue dans le pays, notamment dans le désert de Gobi dans le nord du pays (province de Gansu), pour une puissance totale de 60 GW. Le projet gigantesque, à la « chinoise », du Gansu suppose l’installation de 10 000 turbines d’une puissance totale de 12 GW (cf. D.Cyranowski « Beijing’s windy bet », Nature, 457, 22 January 2009, p.372). Il ne suffit pas d’installer des éoliennes sur les côtes, au sommet des collines ou sur les côtes, encore faut-il qu’elles produisent de l’électricité. Or il semble que les performances des éoliennes installées en Chine soient relativement médiocres : alors qu’en moyenne les éoliennes ont une capacité de production de 30 % (elles fournissent 30% de la puissance installée tout au long de l’année) celle des éoliennes de la Chine ne serait que de 23%. En fait la responsabilité de ces mauvaises performances devrait être attribuée aux turbines fabriquées en Chine qui souffriraient de sérieux défauts techniques. La Chine, si elle a importé des turbines fabriquées à l’étranger, notamment en Allemagne, veut aussi développer sa production nationale mais il semble que les turbines chinoises aient des performances moins bonnes (une capacité de production inférieure de 5% à celle des turbines importées), il faudrait, en particulier, les arrêter plus souvent pour des travaux de maintenance. Par ailleurs elles ne seraient pas toujours adaptées aux conditions locales de vent et le choix des turbines pour une ferme éolienne est donc un paramètre critique qui va conditionner l’efficacité des éoliennes ainsi que leur durée de vie (20 ans en général). Un programme de recherche piloté par l’Académie des sciences météorologiques de Pékin va réaliser des observations sur des turbines fixées sur des mâts d’éoliennes pour cartographier les conditions de vent sur le territoire chinois et optimiser ainsi le choix des turbines des futures fermes. On notera aussi que la société China Northern Locomotive and Rolling stock industry corporation a décidé en accord avec la municipalité de Xian de créer dans cette ville un centre de recherche sur l’énergie éolienne qui représentera un investissement total de 880 millions de $ ; elle prévoit d’y construire des prototypes de nouvelles turbines. Une fois l’électricité produite, il faut l’acheminer vers les centres de consommation, en particulier les grandes villes de la côte. Le réseau de lignes électriques chinois est certainement sous-critique, c’est pourquoi la compagnie chinoise qui en a la responsabilité, la State Grid Corporation of China a décidé de doubler en 2009 et 2010 ses investissements dans le réseau ; une ligne à haute tension (750 kV) sera ainsi construite depuis le Gansu jusqu’aux villes de la côte Est. La Chine lance toujours des projets gigantesques qui sont à la mesure de la taille et des besoins du pays (le gigantesque barrage des Trois Gorges est la plus récente réalisation emblématique dans le domaine de l’énergie). Outre les inévitables problèmes techniques que rencontrera l’exécution de son plan pour les énergies renouvelables, il restera à savoir si la crise économique qui la touche va lui permettre d’investir massivement dans ces filières (il est probable qu’elle différera des investissements massifs dans le solaire).

La Chine sait que la poursuite de son développement économique est un nécessité vitale et qu’elle doit donc développer ses capacités de production nationales d’énergie; l’important plan de relance économique qu’elle vient de lancer prévoit d’ailleurs, il faut le remarquer, de mobiliser des investissements importants en faveur des économies d’énergie et des énergies renouvelables. La politique de diversification de ses ressources énergétiques par la Chine est certainement une démarche qui tient compte à la fois des besoins du pays, des impératifs de préservation de l’environnement et, dans une certaine mesure, de l’enjeu climatique. Dans un contexte de crise économique et à un moment où se négocie aussi un futur accord international sur la limitation des émissions des gaz à effet de serre, la Chine a sans doute une partie à jouer pour prendre pied sur le marché des techniques des nouvelles énergies.


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