La Chine et la consommation d’énergie: une médaille d’or et …de charbon

confrence_ama_fume_usine.jpgLes JO de Pékin, les troubles au Tibet et le tremblement de terre du Sichuan, ont mis la Chine à la une de l’actualité en 2008. Les JO sont pour la Chine l’occasion de faire la démonstration de sa puissance économique et de sa capacité à organiser une manifestation dont la résonance est mondiale. Cette puissance de l’économie chinoise a des exigences: l’une d’elles est tout particulièrement une consommation croissante d’énergie qui n’est pas sans problème pour le pays et la planète.


 

La croissance économique de la Chine à un rythme soutenu de 8 à 10% par an depuis deux décennies a fait de celle ci une grande puissance industrielle qui aspire aussi à un développement scientifique et technologique. Cette croissance suppose des ressources énergétiques qui excédent, sauf pour le charbon, les capacités propres de la Chine qui est donc obligée d’importer une part croissante de son énergie, et en pArticulier, de son pétrole. Dans son rapport sur l’énergie, paru en 2007, le World Energy Outlook 2007 (www.iea.org), l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) soulignait que la Chine et l’Inde seront ensemble « responsables » de 45 % de la croissance de la demande d’énergie d’ici 2030 et de la très forte augmentation de la consommation mondiale de charbon : elles contribueraient, en 2030, à 80% de la croissance de la demande de charbon qui représenterait ainsi 63 % de la consommation d’énergie primaire en Chine et 48% en Inde. La Chine qui dipose d’importantes réserves de charbon dans son sous-sol a ainsi consommé près de 2,5 milliards de tonnes de charbon en 2007. Stimulée par sa croissance économique, la Chine ferait plus que doubler sa consommation d’énergie d’ici 2030 et elle a prévu d’accroître massivement sa production d’électricité en utilisant essentiellement le charbon comme combustible (78 % de l’électricité sera produite en Chine avec du charbon); elle a augmenté sa capacité de production d’électricité produite par des centrales au charbon de 170 GW ces deux dernières années. La Chine a aussi des besoins croissants en gaz naturel et en pétrole qu’elle est obligée d’importer pour une part, elle aussi, croissante, cette situation la conduit à une politique active de coopération avec un certain nombre de pays en particulier en Afrique,  pour s’assurer de l’accés à des matières premières, notamment le pétrole. Le soutien qu’elle accorde au gouvernement du Soudan qui mène une politique de répression vis à vis de certaines populations au Darfour n’est pas étranger à ses préoccupations énergétiques.

La boulimie chinoise d’énergie, et en particulier de charbon, ne signifie pas pour autant que la Chine n’est pas capable de tenter de maîtriser sa consommation ou du moins d’améliorer l’éfficacité énergétique de son économie, la Chine a fait des efforts dans ce sens. De même dans un intéressant dossier que la revue britannique Nature a consacré à la Chine à la veille des JO (Vol 454, 24 July  2008), on note que si la Chine construit à un rythme soutenu des centrales au charbon, elle se dote aussi en techniques plus efficaces d’exploitation du charbon (en prévoyant d’utiliser notamment des centrales à cycle combiné qui passent par l’intermédiaire d’une gazéification du charbon dont une centrale pilote de 250 MW devrait être inaugurée en 2009). De même la Chine se lance-t-elle dans la construction d’usines de liquéfaction du charbon, une première usine pouvant transformer 3,5 millions de tonnes de charbon en carburant doit être ainsi construite en Mongolie intérieure. La Chine méne aussi une politique active de construction de barrages dont le fameux barrage des Trois Gorges est la dernière réalisation emblématique. Elle a aussi des objectifs ambitieux dans le domaine des énergies renouvelables: assurer 15 % de sa consommation d’énergie primaire avec des énergies renouvelables (hors hydraulique) en 2050. Il n’est pas certain qu’elle puisse atteindre cet objectif même s’il semble qu’elle puisse se doter d’une puissance installée d’énergie éolienne de  5 GW d’ici 2010. Enfin, on notera que si le nucléaire ne contribue qu’à 2% de la production d’électricité, la Chine a annoncé son intention de développer l’énergie nucléaire (celle-ci toutefois ne représenterait sans doute que 3% de la production de son électricité en 2030), notamment en coopérant avec des pays comme la Fance via la société Areva. On observera enfin que la Chine est prête à faire des paris sur l’avenir puisqu’elle participe à part entière au projet Iter de construction, à Cadarache en France, d’un récateur expérimental pour la fusion themonucléaire.

Quelles conclusions peut-on tirer de ce rapide survol de la polique énegétique du pays le plus peuplé de la planète? On observera d’abord que la politique chinoise qui mise massivement sur l’utilisation des combustibles fossiles et d’abord du charbon a un coût élévé pour le pays: – les accidents dans les milliers de mines de charbon où les condistions de sécurité sont médiocres sont la cause d’au moins cinq mille décés de mineurs par an – la pollution urbaine s’accroît au rythme de la croissance économique, de celui de la circulation automobile et de la consommation de charbon (les athlètes des JO de Pékin s’en apercevront sans doute) causant des dommages à la santé de la population et grévant d’environ 2% le PIB chinois aujourd’hui. Les autorités chinoises ont sans doute pris conscience du probléme mais les moyens à mobiliser pour le résoudre sont considérables. On observera ensuite que le niveau de consommation d’énergie pas tête des pays en développement comme la Chine restera, certes, encore très inférieur, en 2030, à celui des pays riches de l’OCDE, mais aussi que cette frénésie énergétique augmentera considérablement les émissions de gaz à effet de serre aggravant ainsi le réchauffement climatique de la planète. On remarque que les émissions de gaz carbonique par tête d’habitant de la Chine, devenue le plus gros émetteur mondial de gaz carbonique en 2007 devant les USA, seraient équivalentes, selon l’AIE, à celles de l’UE en 2030 (7,9 tonnes par habitant). Le charbon est le mauvais élève de la classe des combustibles puisque pour produire une calorie la combustion de charbon dégage plus de gaz carbonique que le pétrole et le gaz naturel, et il sera, de loin, le principal responsable de la croissance des émissions de gaz carbonique de la Chine de l’Inde. La Chine ne pourra pas poursuivre à l’avenir une politique énérgétique sans se soucier ni de son impact sur sa population ni de ses conséquenses sur le climat mondial. La Chine sait d’ailleurs utiliser les mécanismes du protocole de Kyoto limitant les émissions de gaz à effet de serre (elle est dispensée comme les autres pays en développement de mesures de limitation quantitative de ses propres émissions) puisqu’elle escompte obtenir des moyens financiers par le biais d’achat de droits d’émission par les entreprises de pays développés aynat dépassé leurs quota et qui lui fourniraient des techniques et des procédés pour construire des usines et des centrales émettant moins de gaz à effet de serre: elle espère ainsi bénéficier de 7 milliards de $ de crédits de la part de l’UE par cette voie sur la période 2008-2012.

La Chine (comme l’Inde et le Brésil d’ailleurs) ne pourra pas à l’avenir s’exonérer dans le cadre d’un nouvel accord de Kyoto, applicable après 2012 et qui est en cours de négociation, de mesures de limitation de ses propres émissions de gaz carbonique. C’est dire l’importance de la négociation actuelle sur le climat qui devra mettrre sur la table l’ensemble de la question énergétique quitte à prévoir d’ailleurs un large de spectre de coopération technologique.


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