Consommation d’énergie: les ménages dépensent autant pour l’énergie domestique et les carburants

Image00015.png On s’est habitué à considérer que l’on était entré dans une "ère"  d’énergie chère et la montée des prix du baril de pétrole (son cours a atteint la barre symbolique des 100$ le 2 janvier) et du prix des carburants à la pompe ne peuvent que nous conforter dans cette idée. C’est pourquoi l’étude que vient de publier l’INSEE sur les dépenses pour la consommation d’énergie dans le budget des ménages, en France, est d’un très grand intérêt.

 Cette étude de l’INSEE (http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1176/ip1176.html) a le grand mérite de bien situer les ordres de grandeur et surtout de recadrer les évolutions des consommations d’énergie sur une longue période. En 2006 la facture énergétique des ménages français s’est élevée à 72,3 milliards d’euros ce qui représentait 7,3% de leur budget. On remarquera qu’en pourcentage cette dépense est pratiquement égale à celle qui prévalait avant le premier choc pétrolier de 1974 mais qui avait atteint un pic en 1985 (10,2%). Cette dépense énergétique (en valeur relative) s’était stabilisée pendant les années 1990 mais depuis 2002 elle est de nouveau en croissance (de 0,5%). On fait un second constat: les dépenses des ménages se répartissent pratiquement à égalité entre usages domestiques (chauffage, éclairage et eaux chaudes) pour 37, 3 milliards € (590 € par habitant) et consommation de carburants pour 35 milliards €.

Le poids de la consommation d’énergie domestique est quasiment le même en 2006 (3,7% du budget ) qu’en 1960 (3,7%) après une pointe à 5, 8% en 1985 ! Mais, bien sûr, les énergies consommées sont aujourd’hui différentes. On ne s’étonnera pas de constater que la consommation de bois se soit effondrée (42, 1% en 1960 contre 2,2% en 2006) même si le bois connaît un regain de faveur. En revanche, la part de l’électricité  dans la consommation a fortement crue: elle repésente aujourd’hui 48% du total, celles du gaz et du pétrole (fioul notamment) étant équivalentes (22, 4% pour le gaz et 23 % pour le pétrole). C’est le chauffage qui est le poste le plus important dans la consommation domestique et qui progresse le plus (71% de la dépense contre 13% pour l’éclairage et 10% pour l’eau chaude) et le gaz est devenu la première source d’énergie pour le chauffage bien que le chauffage électrique représente le quart des dépenses. Les dépenses de chauffage ont augmenté moins vite que celles pour les autres postes, les économies d’énergie y sont certainement pour quelque chose ainsi d’ailleurs que les augmentations de prix de l’énergie (le gaz augmentant moins que le fioul). On ne s’étonnera pas de constater aussi une influence des conditions climatiques sur le niveau de la consommation: ainsi une augmentation de la température moyenne de un degré au cours d’un trimestre de chauffage  (par rapport à une température moyenne de ce même trimestre) entraîne une augmentation de 1 à 2% de la consommation. On observe enfin une accélération de l’augmentation des prix de l’énergie dans le secteur domestique qui est de 4% (hors inflation) sur la période 2003-2006 comparée à 7,8% entre 1960 et 1985.

Les carburants sont l’autre poste de la dépense énergétique des ménages, celui-ci représentait 550 € par habitant. Ce poste à légérement augmenté en proportion de puis les années 1960 ((3,1% du buget en 1960 contre 3,5 % en 2006 mais 4, % en 1985). Le prix des carburants a pris un ascenseur rapide depuis 2003 : ils ont augmenté de 7,3% sur la période 2003-2006 au lieu de 4% entre 1986 et 2006. On observe une modification profonde des consommations: le gazole pesant plus de 50% dans le panier des carburants depuis 2005 (au lieu de 14% en 1990!). Si les dépenses en carburants ont eu tendance à croître de 5,4% par an en moyenne de 1960 à 1989 (hors inflation), les consommations diminuent depuis 2002 en raison, très probablement, de la hausse des prix. L’étude de l’INSEE révéle aussi des modifications des usages et des performances des véhicules. On observe d’abord que le nombre moyen de véhicules par ménage est passé de 0,95 en 1980 à 1,1 en 2005. Ensuite, on constate deux changements: – la consommation par véhicule est passée pour l’essence de 8 litres/100 km  en 2001 à 7,7 litres/100 km  en 2005 et celle de gazole de 9,7 litres/100 km à 6,4 litres/ 100 km  sur la même période (on notera toutefois que l’augmentation du prix du gazole a été plus rapide que celle de l’essence) – le kilométrage parcouru a baissé passant de 14 200 km en 2001 à 13 300 en 2005 (c’est certainement un effet de la hauisse des prix des carburants). L’INSEE observe enfin que lorsque les prix augmentent de 1% la consommation elle baisse de 0,4%.

 On certes passé à une économie où l’énergie sera chère mais, pour l’heure, les comportements des ménages n’ont pas fondalement changé même si l’on commence à observer une tendance à la baisse de la consommation des carburants.Ce sont précisément sur les postes des carburants et du chauffage qu’il existe sans doute des marges de manoeuvre pour realiser des économies d’énergie et donc de dépenses. Le poste des transports étant en quelque sorte l’otage des politiques de transports en commun dans les grandes agglomérations dont les carences sont bien connues. Quant au chauffage, la réalisation d’ économies d’énergie impliquera des investissements souvent lourds à la charge des ménages et dans ce domaine les incitations ont un rôle essentiel à jouer.


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