Biocarburants: une campagne bien arrosée

Image00047.jpg A l’approche des élections primaires pour les présidentielles aux USA, les candidats démocrates et républicains sont amenés à préciser leur programme et le thème de l’énergie est abordé par les deux camps qui se démarquent de la politique de G.W.Bush. La première des primaires, qui doit se tenir début janvier dans l’Iowa (un état agricole qui produit les deux tiers de l’éthanol aux USA), incite les candidats à présenter leur plan pour le développement de la production du bioéthanol, notamment à partir du maïs, et ils n’hésitent pas à forcer la dose!

 Les candidats démocrates sont les plus précis puisque tant Hillary Clinton que Barack Obama et John Edwards proposent de multiplier par dix d’ici 2030 la production de biocarburants : la production de bioéthanol passerait de 6,4 milliards de gallons (le gallon vaut 3,79 litres) en 2007 à environ 60 milliards en 2030 (John Edwards propose même de pousser la dose jusqu’à 65 milliards de gallons!). Une loi sur la politique de l’énergie votée par le Congrés et signée par le président G.W.Bush à la mi-décembre a déjà prévu une production (subventionnée) de 36 milliards de gallons en 2022. Le temps de la prohibition de l’alcool à laquelle avait mis fin le président Franklin Roosevelt est bien loin, mais de nombreux experts américains soulignent néanmoins que de tels projets ne sont pas sans risques. Le premier est de faire peser une forte pression sur les prix agricoles (en particulier le blé et le maïs qui sont aux USA la matière première de base pour les biocarburants), la hausse des produits agricoles ayant alors probablement des conséquences dommageables pour l’alimentation mondiale. En second lieu, ils soulignent que l’utilisation du maïs pour produire du bioéthanol consomme de l’énergie (des engrais et du gazole) et que l’on n’émettra au bout du compte que 15 à 20 % de gaz carbonique de moins en utilisant du bioéthanol à la place de l’essence pour la même production finale d’énergie. Le bilan "climatique" de l’opération est donc maigre mais, il est vrai, que de tels projets peuvent satisfaire le lobby agricole américain. La revue du MIT, Technology Review, cite des experts en économie agricole américains qui préconisent le lancement d’un véritable "projet Manhattan" (pendant la guerre la bombe atomique avait été construite à travers le Manhattan project ) pour trouver de nouveaux moyens de produire du bioéthanol en particulier à partir de la cellulose.

La filière ligno-cellulosique est, en effet, une alternative sérieuse aux autre filières de production de l’éthanol (celle partant de la canne à sucre étant de loin la plus compétitive) mais elle est loin d’être au point, car on cherche encore des enzymes qui pourraient dégrader efficacement la cellulose (un hydrate de carbone constituant les parois végétales) en sucres plus simples qui seraient ensuite fermentés pour produire de l’éthanol. Une publication récente de la revue britannique Nature (F.Warnecke et al. Metagenomic and functional analysis of hindgut microbiota of a wood-feeding higher termite, 450, p. 560-564, 22 November 2007) ouvre peut être une nouvelle piste dans ce domaine, celle des termites…On sait que ces bestioles ont la malencontreuse habitude de se nourrir de bois qu’elles sont capables de digérer faisant ainsi des dégâts dans les maisons. Les auteurs de ce travail (des chercheurs de Californie, du Costa Rica et d’Allemagne) ont procédé à un séquençage du génome de bactéries présentes dans le tube digestif de termites afin de comprendre comment celles-ci dégradent la cellulose et la lignine du bois grâce, en particulier, à l’action d’une enzyme la cellulase. Ils ont ainsi trouvé 34 groupes de génes codant des enzyme dégradant la cellulose et le xylane. Les termites tirent profit des sucres produits (des hexoses et des pentoses) pour produire l’énergie dont ils ont besoin à travers leur métabolisme. Les termites n’ont peut être pas encore révélé un secret définitif pour produire de l’alcool, mais ils montrent que la biologie des enzymes est un aspect tout à fait fondamental de la recherche sur les biocarburants.


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